Ce ne serait pas incroyable si ce produit pouvait...
N'écoutez plus tous les gens qui vous disent de construire un MVP coûte que coûte, construisez plutôt un MLP.
Salut 👋
Alors, est-ce que vous avez travaillé sur votre Story Map cette semaine ? Ce qui rend cette méthodo très chouette c’est qu’on ne l’utilise pas que pour des nouveaux produits mais dès qu’on veut construire une nouvelle fonctionnalité ! Rien de mieux pour cadrer le projet et savoir où on va dans les prochaines semaines…
L’idée de faire un MVP (Minimum Viable Product) est assez révolutionnaire. Ca nous donne le droit de faire un produit plutôt léger en très peu de temps pour avoir des premiers retours utilisateurs. Quelle libération ! Comment refuser ?
Mais depuis la sortir de Lean Startup, les temps ont changé et on se bat maintenant dans l’espoir d’avoir un peu d’attention de notre utilisateur cible. Pour y arriver, on ne peut plus vraiment leur proposer un produit à moitié fini, ils sont devenus trop exigeants.
Jiaona Zhang, à la tête de produits chez Dropbox, Airbnb et WeWork pour ne citer qu’eux, le présente ainsi à ses élèves en Product Management de Stanford :
🍕 Disons que vous voulez savoir si les gens aiment la pizza. Si vous leur servez une pizza ratée parce que vous vous lancez, vous n’allez pas savoir s’ils aiment la pizza ou non. Vous allez juste savoir qu’ils n’aiment pas les pizza ratées !
C’est pareil pour un MVP, vous ne testez pas vraiment votre produit, mais juste une version plutôt bancale.
Difficile à ce moment là d’avoir des feedbacks constructifs sur votre véritable vision.
Comment faire un produit qu’ils adorent, en aussi peu de temps qu’il nous faut pour construire un MVP ?
Je vous présente le Minimum Lovable Product (MLP) !
Changer notre façon d’appréhender le MVP
Mais oui ! Faire un produit que les gens adorent ! Nos retours utilisateurs seront bien plus constructifs, ils ne vous rabâcheront pas les bugs ou autres problèmes d’UX que vous connaissez souvent déjà et qui vous frustrent vous aussi.
Imaginez, de vrais feedbacks sur comment améliorer notre solution pour nous rapprocher de notre vision, main dans la main avec notre utilisateur… 🦄
Heu… C’est pas ce que l’on veut de base ? 🤔
Quels sont les feedbacks que vous recevez ?
Comme pour tout le travail de fondation dont on parle depuis maintenant plus de 3 mois, il y a des questions cruciales que peux de créateurs se posent, trop désireux de passer tout de suite à l’action (je ne jette pas la première pierre) :
Qu’est ce que “adorer” veut dire pour mon utilisateur cible ?
Du coup, qu’est ce qui va faire que notre produit sera génial ?
Sachant cela, comment on peut l’offrir rapidement et efficacement à nos utilisateurs ?
Il suffit de ne pas prendre le temps de répondre à ces simples questions et on peut perdre un temps fou à construire des fonctionnalités qui vont, d’après nous, plaire à l’utilisateur pour finalement se rendre compte, souvent trop tard, que ce n’était pas le cas…
Les 4 principes d’un MLP réussi
Si vous avez été plutôt assidus ces dernières semaines vous remarquerez que vous cochez certainement toutes les cases.
1. Priorisez le Why de l’utilisateur
Si l’on crée un produit pour répondre au “Why” de la boîte plutôt que le “Why” de l’utilisateur, on a peu de chances de rendre notre produit excitant.
Zhang se rappelle de son temps chez Airbnb, quand elle était en charge de la partie Hôtes :
Le Why du business était d’avoir de plus en plus d’hôtes. Logique, cela faisait augmenter les réservations : leur North Star Metric.
Mais… plus d’hôtes ? Est-ce que c’était vraiment ce que les utilisateurs voulaient ? Ils s’en foutaient de savoir qu’ils avaient plus de choix dans un endroit qui ne les intéressait, de toute façon, pas.
Ils en ont conclu qu’il fallait se concentrer sur des destinations “extraordinaires” pour donner certes plus d’options aux utilisateurs, mais dans des destinations excitantes.
La bonne nouvelle, c’est que ça augmentait en plus l’image d’Airbnb et donc attirait naturellement les hôtes de destinations moins exotiques.
Changer notre priorité du simple “augmenter l’offre” à “optimiser l’offre dans certains marchés” était la première étape vers un produit attrayant.
Tout ça pour dire que si vous ne vous intéressez pas vraiment à votre utilisateur, il y a peu de chance que vous construisiez quelque chose de viable et vous ne construirez sûrement pas quelque chose d’excitant.
Simple. Basique.
C’est là que vous devez ressortir les Jobs To Be Done sur lesquels on a travaillé ensemble !
Complétez cette phrase avec un JTBD :
“Ce ne serait pas incroyable si ce produit pouvait _______ ?”
Ca devrait vous donner des idées de fonctionnalités. On est sur la bonne voie.
2. Pour autant, ne devenez pas esclaves de vos utilisateurs
On veut être customer-centric donc on fait tout ce que nos utilisateurs nous demandent. Non. Stop.
Premio, concentrez vous sur un persona (vos early adopters). C’est pratiquement impossible de construire une solution qu’une dizaine de personas différents vont adorer. Surtout au début quand vous manquez de moyen.
Deuxio, ne demandez pas à vos utilisateurs ce qu’ils veulent de but en blanc. Il a dit quoi Ford ? “Si j’avais demandé aux gens ce qu’ils voulaient, ils m’auraient répondu des chevaux plus rapides.”
Ils vont vous parler de choses qu’ils pensent que vous pouvez faire pour eux. Ca limite les possibilités d’innovation.
Il faut bien les écouter, mais pas les prendre au mot. Le but est d’arriver à nuancer et prendre du recul pour comprendre leurs besoins profonds.
Rappelez vous de la technique des “5 Whys”.
3. Dissociez le problème de la solution
C’est le B-A-BA dont on parle depuis le début de cette newsletter : se détacher de notre idée chérie pour être capable d’accepter de bons feedbacks.
Arrêter de penser pour nos utilisateurs et leur demander ce qu’ils vivent vraiment.
Pour Zhang c’est le prérequis d’un produit que les gens vont vraiment adorer.
4. Pour finalement passer du problème à une solution excitante
Pour ça, rien ne vaut le bon vieux Value Proposition Canvas !
Faites un prototype et mettez le dans les mains de vos utilisateurs, leur réaction vous diront si vous êtes sur une solution viable ou une solution excitante.
“C’est cool, je me vois bien l’utiliser.” Classique. Soit votre produit n’est pas assez excitant, soit vous ne résolvez pas un problème majeur. Bon courage pour le faire passer à la caisse.
“Wow, quand est-ce que je peux commencer à l’utiliser ??”. Bingo ! Vous tenez quelque chose !
On passe à l’action !
Concentrez vous uniquement sur 1-2 fonctionnalités qui enchantent vos utilisateurs. Pas plus, ça sera mal fait !
C’est comme le beurre de cacahuètes, “étalez le trop et il n’est plus savoureux.”Saupoudrez de Aha! moments, je sais qu’on en a déjà parlé mais là même Zhang le dit aussi.
Quand ils créent un compte, quelle devrait être la première émotion ressentie ?
Qu’est ce qui les ferait sourire ?
Qu’est ce qui leur donnerait envie d’en parler autour d’eux ?
Besoin d’inspiration ? Découvrez les usages détournés.
Vos utilisateurs peuvent utiliser le produit d’une manière qui n’était pas prévue, ça donne des bons indices sur ce qui est attrayant. Si vous avez déjà un produit, 🔥 Hotjar est votre ami.C’est l’heure du test. Faites le avec votre persona, en beta s’il le faut.
Si vous le rendez disponible à tous, vous aurez forcément des feedbacks divergents et vous ne saurez plus quoi faire…
J’ai hâte de voir ce que vous allez nous concocter avec tout ça ! Comme d’habitude, n’hésitez pas à m’envoyer vos réflexions, je me ferai un plaisir d’en discuter avec vous.
A bientôt !
Gregoire
Pour aller plus loin
📑 Don’t serve burnt pizza. Le fameux article dont tout cet email est tiré, de l’excellent blog First Round Review. 23min pour approfondir le sujet.
📼 Si vous préférez la vidéo, le concept de Minimum Lovable Product est hyper bien expliqué ici et il n’hésite pas à revenir sur les notions que l’on a vues précédemment : Lean Canvas, JTBD, etc.
🎧 En podcast et en moins de 10 minutes ? défi relevé par le podcast Parlons Design.